La plupart des animateurs sont champions pour expliquer les règles d’un jeu et pour bien l’animer. Peu d’entre eux ont l’art de bien le conclure et de lui donner du sens. Aujourd’hui, je te parle du débriefe.

Qu’est-ce qu’un débriefe ?

C’est une discussion qui est animée APRÈS un exercice. C’est un espace de dialogue où les participants(es) peuvent s’exprimer sur ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont aimé ou pas et surtout, c’est le moment où on va tirer des conclusions.

Le mot vient de l’anglais “to debrief” qui est l’opposé de “to brief”. On est plutôt familiarisé avec la notion “briefer quelqu’un”, donc “le préparer”, mais assez peu avec le concept de “débriefer” et qui vient donc en aval de l’activité.

Ça sert à quoi ?

C’est juste le VRAI moment de la formation ? Ça te suffit ou je dois développer…

On l’a vu et revu, chaque exercice a un objectif (lien). Dans une formation, chaque activité sert à “apprendre” quelque chose. Quelque soit l’outil utilisé (jeux de rôle, animation sympa, compétition…) on cherche à illustrer un concept ou une notion.

Donc, une fois que l’exercice a pris fin, les participants(es) sont sensés(es) avoir “observé” des choses et sont sensés(es) les analyser pour en tirer des apprentissages.

Le débriefe est le moment où on va analyser.

Ok, et comment on fait ça ?

Les méthodes sont nombreuses et différentes, mais elles vont toutes suivre le même schéma de questionnement :

1- Qu’avez-vous observé ?

On revient sur les “faits”, on invite les gens à décrire ce qu’ils ont relevé grâce à leurs sens.

“J’ai vu Michel prendre la parole trois fois”

“Lorsque j’ai vu que personne ne prenait la parole, je me suis levé et j’ai commencé à parler”

2- Qu’avez-vous ressenti ?

Là, on va plutôt sur les interprétations subjectives. On demande aux participants d’extérioriser comment ils ont vécu l’expérience de l’intérieur.

Ceci permet de croiser les regards et de voir comment “l’autre” interprète nos faits et gestes

“Chaque fois que Michel prenait la parole, je me sentais agacé”

“Je ne supporte pas les vides, c’est pour ça que je me sens obligé de réagir et de parler”

3- Que peut-on conclure ?

À travers ces regards croisés, les participants prennent peu à peu conscience de certains éléments. C’est là ta mine d’or, ces petits moments “AHA !” où des petites ampoules s’allument sur leurs têtes. Ils sont en train de tirer une conclusion, donc d’apprendre.

“Ah donc en fait, si j’étais moi-même intervenu, Michel n’aurait pas eu à le faire aussi fréquemment”

“En fait, je me rends compte qu’en croyant bien faire, je rends la situation pire, donc parfois mieux vaut se taire”

4- Quelle leçon ?

C’est là où on arrive concrètement à l’aspect “formation”. C’est là où toi, super animateur, tu vas ajouter ta petite touche, car même si les conclusions tirées par les participants sont souvent pertinentes, ces derniers n’ont pas souvent les moyens de leur donner la bonne formulation.

Ton rôle à ce stade est d’accompagner la formulation de “belles phrases” ou d’ajouter de supers nouveaux mots compliqués qui font plaisir.

“Ce que vous venez de vivre s’appelle… (spot sur le formateur, roulement de tambour)… UNE MISE EN ABÎME “

Confettis et explosion de joie !

Oui je sais, mise en abîme ne veut rien dire par rapport à ce qui se passe entre Michel et l’autre participant sans nom. Mais ça fait son effet de “mot compliqué qui fait plaisir” non ? Avoue que tu es en train de googler cela. ; on débriefe après 😉

Je pose ces questions telles quelles ?

Oui et non. Comme je l’ai dit, le cœur est là. Mais tous les exercices ne se valent pas et donc les débriefes non plus. Parfois, les participants ne pourront pas séparer les faits de leurs ressentis, ça ne servirait donc à rien de faire un double travail.

Il suffirait donc de dire “qu’est-ce qui s’est passé ?” et les gens raconteront à la fois les faits et comment ils les ont vécus.

Le plus important ce ne sont pas les questions mais “le cheminement”. Autrement dit, comment partir du vécu de l’exercice pour aboutir à des conclusions.

Piège à éviter

Un débriefe n’est pas aussi simple qu’il en a l’air. Très souvent, les participants seront à côté de la plaque ou alors t’emmèneront sur une fausse piste.

J’ai encore le souvenir de cet exercice que j’ai animé une fois pour un groupe de jeunes. Le jeu consistait à bander les yeux d’un participant, qui devait ensuite traverser la salle en évitant d’entrer en collision avec des objets posés au sol.

Il était guidé dans son périple par les autres participants… tous.

On le devine assez vite, c’est un exercice sur la communication. Comment un groupe peut s’organiser pour orienter quelqu’un sans le perturber et sans crier tous en même temps.

Une fois l’exercice terminé, je lance le débriefe : qu’avez-vous observé, vécu… blablabla… j’arrive enfin à ma question préférée :

“D’après-vous, qu’est-ce que cet exercice est sensé nous apprendre ?”

Et là… roulement de tambour… le monsieur qui avait les yeux bandé me dit : “à utiliser nos sens pour nous déplacer dans le noir”.

Énorme.

Quinze minutes de discussion sur la communication et l’organisation, dans une journée de formation intitulée “Travail en équipe”, et monsieur pense que je suis là, pour leur apprendre “comment devenir Daredevil”.

Orienter mais pas trop

L’animateur a donc bel et bien un rôle d’orientation de la discussion. Il a un objectif à atteindre. Lui, il connait le fond de l’exercice et cherche à y mener ses participants.

Il faut donc remercier gentiment les hors sujets puis les réorienter vers le vrai sujet : “s’orienter dans le noir ? intéressant, c’est vrai que parfois en entreprise, quand on ne sait pas trop à qui on doit parler, ni quoi faire, on peut avoir le sentiment d’être dans le noir… quelqu’un souhaite-t-il rebondir sur ça ?”

Espérons que personne ne dira “moi j’ai appris comment disposer des objets sur le sol, et ça c’est très utile en entreprise”.

Pour débriefer

Bref, débriefons ensemble cet article. Qu’avons-nous appris ?

  • Un exercice d’animation se déroule en trois étapes : briefing (explication des règles), déroulement, débriefe ;
  • Le débriefe est la partie où les participants analysent le déroulement pour tirer des conclusions ;
  • C’est aussi le moment où le formateur fait le lien avec ce qu’il essaie d’enseigner (apports pédagogiques) ;
  • S’appuyer sur les quatre questions pour conduire la discussion : observé, ressenti, conclu –> leçons à retenir ! ;
  • Faire attention à ne pas laisser la discussion aller en hors sujet ; sans chercher à influencer, l’animateur doit quand-même orienter.

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1 commentaire

3 exercices de présentations pour personnes coincées - Super Animateurs · mars 25, 2019 à 7:19 am

[…] pas à pousser un peu. Parce qu’une fois l’exercice est (bien) fait et a atteint ses objectifs, les participants vont t’exprimer de la […]

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