Le blason, un classique des techniques d’animation, régulièrement utilisé dans les présentations. Mais dans la variante que je te propose aujourd’hui, tu vas découvrir un usage différent de cet outil : amener un groupe à comprendre la notion d’ “identité collective”.
Cet article est le premier d’une série de quatre parties, où nous allons à chaque fois découvrir un outil d’animation et la notion de dynamique de groupe qui lui est associée.
Pour la petite expérience
Je te propose de faire une expérience très simple. Si tu as sous la main un groupe de participant (es), qui se connaissent ou pas, divise-les en deux sous-groupes.
Demande ensuite à chaque groupe de se trouver un “nom” et annonce leur qu’ils vont participer à un “jeu”.
Mets les deux groupes face à face, demande leur de révéler et d’expliquer leurs noms respectifs.
Maintenant, patiente quelques secondes et observe.
Alors que tu n’as, pour le moment, annoncé aucune règle du jeu, les deux “équipes” sont déjà prêtes à sauter l’une sur l’autre. Chacune se met à dire que “son nom est meilleur” qu’elle inclue “les meilleurs éléments” (les plus intelligents, les plus sportifs…).
Qu’est-ce que l’identité collective ?
C’est l’une des lois de la dynamique de groupe. Si un collectif d’individus constitue “un groupe” et se fixe un objectif, chaque membre de ce groupe développe instinctivement un sentiment d’appartenance et voudra, spontanément, défendre son groupe.
Dans l’expérience précédente, il aura suffit de quelques minutes, pour créer deux groupes, de manière complètement aléatoire, avec une très forte identité. Quelques minutes plus tôt, cette identité n’existait pas, il n’ y avait qu’un seul grand groupe… étrange non ?
Et le blason dans tout ça ?
Par définition, un blason (ou écusson) est la représentation physique et visuelle, d’une identité collective. On parle de blasons d’états, d’armées, d’équipes sportives, de collectivités…
Amener un groupe à confectionner un blason, c’est l’amener à donner vie à son identité collective.
Mais là où l’exercice proposé est intéressant, c’est qu’il construit cette identité collective, à partir des identités individuelles.
De l’individuel au collectif
L’enjeu de l’exercice, est comment chacun trouve sa place. Autrement, comment on part de nos différences pour construire quelque chose de commun ; comment relever le défi de créer quelque chose d’unique et qui en même temps, parle à tous.
Le défi pour l’animateur est double, car il peut s’appuyer sur l’exercice pour faire ressortir les forces et les failles internes du groupe : sa capacité à communiquer, à trouver du consensus, à jouer avec les concessions, à trouver des solutions créatives…
Comment ?
Le principe est simple C’est un exercice en trois étapes, avec un débriefe à la fin.
Etape 1
Chaque participant crée son propre blason individuel, à partir du modèle proposé
Etape 2
En petits groupes, les participants combinent leurs blasons pour créer un blason d’équipe
Etape 3
Les sous-groupes négocient et se concertent pour créer un blason encore plus large qui englobe le tout.
C’est cette 3ème étape qui est intéressante, car on est dans des débats “entre groupes”, donc entre identités collectives déjà travaillées.
Une identité collective à toute épreuve ?
Si l’exercice est bien mené, il mène en général à la création d’un blason final qui fait consensus.
On peut alors le mettre au test : afficher un blason créé par l’animateur, qui serait “idéal” et qui contient des éléments plutôt alléchants, puis demander aux participants de choisir, individuellement, s’ils souhaitent adopter le “blason idéal” ou garder leur propre blason.
Dans 90% des cas, les participant (es) préfèrent leur propre blason, même s’il est moche, incomplet, bourré d’incohérence et franchement, pas terrible.
Pourquoi ? Parce que c’est LEUR blason, ils ont mis UNE HEURE à le faire, ils se sont BATTUS pour prendre les meilleures décisions. Je t’épargnes également les détails sur l’effet Ikea…
Les 10% qui vont choisir un autre blason que celui conçu collectivement, sont plus dans un “rejet” du blason collectif. Pourquoi ? Parce qu’ils ne s’y reconnaissent pas. Ceux-là, il faut leur donner la parole pour mettre en évidence les risques et les failles d’un processus de concertation.
En effet, s’ils n’adhèrent pas à ce blason, c’est parce qu’ à un moment donné, ils ont cessé de croire au “travail collectif”. Ils ont fait une proposition qu’ils ont jugée importante, mais elle n’a pas été prise en compte ; ils généralisent donc cela en pensant qu’ils ne sont pas écoutés.
Pour en faire un bon usage
Tu peux faire appel à cet exercice dans plusieurs cas de figure. En fonction du cas, tu vas adapter la façon de l’animer, mais aussi, moduler les temps donnés à chaque partie :
- Amener une équipe à créer réellement une identité collective : dans ce cas là, priorité au consensus ; il faut que tout le monde soit convaincu. Donc peu de temps pour les sous-groupes, encore moins de temps pour le travail individuel, mais il faut prendre TOUT le temps nécessaire pour que chaque décision finale soit validée par l’ensemble.
- Amener des participants qui ne se connaissent pas à mieux se connaître : donner plus de temps au travail individuel, laisser les sous-groupes prendre le temps de bien discuter pour que chacun se présente aux autres, n’accorder à l’étape finale qu’une importance symbolique, quitte à trancher par vote pour avancer rapidement.
- Ouvrir un débat sur les mécaniques de concertation : équilibrer le temps entre les trois phases, ne pas influencer le déroulement de l’exercice mais couper court dès que le temps est terminé. Analyser ensuite le “déroulé” : pourquoi avons-nous réussi ? pourquoi n’avons-nous pas pu se mettre d’accord ? qui s’est senti mis à l’écart ? pourquoi ?
- Ouvrir un débat sur l’identité collective : animer l’exercice puis lire cet article 😉
Une fiche pratique pour tout résumer
Pour t’éviter d’avoir à chercher cet article à l’avenir, je met à ta disposition cette fiche pratique que tu peux télécharger et utiliser librement. Si tu as besoin de plus d’informations sur cet exercice, ou sur tout autre exercice proposé dans ce site, n’hésite pas à m’écrire sur contact@superanimateurs.com ou à rejoindre le groupe facebook La Ligue des Super Animateurs.
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1 commentaire
Dynamique de groupes (3/4) : la ligne... ou l'origine des conflits - Super Animateurs · août 1, 2018 à 4:17 pm
[…] retrouve ici le concept d’identité de groupe qu’on avait développé dans l’exercice du blason. C’est l’une des règles de base en dynamique de groupe. Si un ensemble de personnes se […]